Depuis notre plus jeune enfance, nos parents nous ont toujours raconté ces histoires sur l’esprit de solidarité et de partage qui régnait dans les quartier et au sein des familles marocaines. Pour un oui ou pour un non, la mère envoyait sa fille chez la voisine pour emprunter une cocotte minute ou une plus grande gamelle pour recevoir des invités, et la voisine n’hésitait pas à lui prêter carrément tous ses ustensiles.
Quant au père, il avait la moitié des outils de bricolage de son voisin chez lui et, de la même manière, la moitié de ses outils à lui étaient chez le dit voisin ou même chez un troisième.
12 minutes par an seulement
En tout cas, on n’hésitait pas à donner et partager ce qu’on possédait avec famille, amis et voisins. Les gens possédaient peu mais ce qu’ils avaient, ils le partageaient pour le bien de la communauté. En achetant n’importe quel objet, on savait pertinemment qu’une dizaine de personnes dans notre entourage l’utiliseraient aussi. Après tout, pourquoi 3 familles achèteraient chacune une perceuse pour faire 2 à 3 trous par an quand une seule suffirait ?
D’ailleurs, saviez-vous qu’une perceuse sert en moyenne 12 minutes par an seulement ? Vous vous en rendez compte ?
Au sein même de la famille, les vêtements et les jouets du grand frère ou de la grande soeur passaient eux aussi de génération en génération jusqu’à se retrouver chez le benjamin de la famille. Même chose pour les lits, tapis d’éveil, poussettes et trotteurs… C’était simple et sensé : pourquoi acheter un nouvel objet alors qu’on avait le même, en bon état et qui remplissait parfaitement la fonction pour laquelle il a été créé en premier lieu ?
Malheureusement, cet esprit de partage s’est perdu avec le temps. À présent, le mot d’ordre est ACHETER ! Coûte que coûte et le moins cher possible, parfois sans raison, juste pour se sentir mieux ou se vanter auprès des autres.
Le minimalisme : quand moins devient plus
La société de consommation dans laquelle on vit nous considère purement et simplement comme des consommateurs. Notre identité même est réduite à ça. Depuis tous petits, on nous bombarde de messages publicitaires et de slogans qui nous vendent du rêve, nous laissant croire qu’un produit règlerait nos problèmes ou nous rendrait heureux. On nous crée des besoins qu’on n’éprouvait pas au préalable, on étudie nos complexes et comportements et on les utilise pour nous tenter par tous les moyens. On se retrouve à travailler de longues heures dans des boulots qu’on n’aime pas pour payer la multitude de produits qu’on consomme tous les jours inutilement.
Dans un monde où le désir de dépenser et posséder ne cesse de grandir, certains ont choisi de prendre un chemin différent. Ainsi, le minimalisme est né comme un mode de vie et de pensée pour se recentrer sur l’essentiel et laisser de côté le superflu.
Au Maroc, peu de monde est familier avec le minimalisme et les avantages qu’il apporte, mais ceux-ci ont bien été démontrés : gain de temps, économie d’argent, diminution du niveau de stress, accroissement de la qualité par rapport à la quantité, et contribution pour l’environnement en sont quelques uns.
Le prix à payer
Il est de plus en plus difficile de ne pas succomber à la tentation d’acheter avec les promotions tout au long de l’année, l’achat en ligne qui se fait en quelques clics seulement, et les campagnes publicitaires plus créatives les unes des autres.
Ce sont des circonstances auxquelles il faut se faire car, soyons honnête, on ne peut pas empêcher cette manipulation intempestive à l’encontre du consommateur. Par contre ce que l’on peut faire et ce qui importe le plus actuellement, c’est d’ouvrir les yeux et d’être conscient de tout ce qui se trame autour de nous : des efforts énormes qui sont déployés et des ressources immenses qui sont mobilisées tous les jours pour nous pousser à toujours acheter plus, ainsi que de l’impact de nos choix de consommation sur la planète.
La limite des ressources fossiles, minérales et énergétiques dont on dispose, ainsi que l’épuisement des réserves naturelles en eau, sont juste incompatibles avec notre rythme de consommation.
Le prix à payer ? Une dégradation des écosystèmes, la pollution de l’eau, de l’air, des mers et des sols et des répercussions néfastes sur notre santé à cause de l’exposition aux polluants présents dans notre environnement et aux substances nocives contenues dans les produits qu’on consomme quotidiennement.
La consommation collaborative
Imaginez un mode de consommation basé sur le partage, où le besoin est le réel moteur et où la communauté prime sur l’individu. C’est le principe même de la consommation collaborative.
Dans ce système, les besoins des individus ne sont pas remplis isolément mais en fonction des ressources disponibles au sein de la communauté. On a donc recours à l’échange au troc, à l’emprunt et/ou à la location des différents biens et services.
Dans le passé, la consommation collaborative reposait surtout sur les relations de voisinage, c’est-à-dire des gens que l’on connaît. Aujourd’hui, grâce à internet, c’est toute une autre histoire. Tout le monde peut troquer, emprunter ou prêter facilement et à tout moment, sans connaître la personne.
De plus, grâce à cette expansion, le nombre des biens et services mis à disposition au sein du réseau ne cesse lui aussi de croître.
Les marocains au diapason du partage
Actuellement au Maroc, la culture de collaboration n’est pas très développée mais est bel et bien présente sur les réseaux sociaux, notamment à travers les groupes de covoiturage et de vide-greniers, où beaucoup de gens se réunissent selon des besoins communs.
En vérité, ces besoins communs existent, qu’il s’agisse de se rendre d’un point A à un point B, d’échanger un bien contre un autre, ou d’offrir à service en contrepartie d’un autre. Les ressources nécessaires pour constituer la base d’une consommation collaborative sont bien présentes et avec abondance. Les seuls éléments qui manquent à cette équation sont d’abord la prise de conscience et ensuite le « lieu de rencontre ».
#Projet_AntiAchat : le lieu de rencontre
A Beyond Kalimat, nous nous considérons avant tout comme un moteur de changement. Nous croyons fort au pouvoir des idées et aux opportunités de transformation qu’elles peuvent créer. C’est pour cette raison que nous avons lancé le projet Anti-achat.
Plus qu’une simple intersection, nous voulons établir un lieu sûr, convivial et structuré où différentes personnes peuvent se rassembler autour des mêmes valeurs : partage, entraide, minimalisme, écologie et économie.
Dans cette optique, nous avons créé le groupe « Anti-achat : troc, don et échange » pour permettre à ces opérations de consommation collaborative de prendre place de manière simple, interactive, étendue et participative.
À travers ce projet, nous n’espérons pas seulement réunir des personnes aux besoins complémentaires mais surtout donner aux liens sociaux la place qu’ils méritent dans le système de consommation.
[…] Vous n’avez pas besoin de dépenser des sommes dans les équipements pour pouvoir faire du vélo, surtout quand vous débutez à peine. Préférez une approche à la fois minimaliste et responsable. […]