Au Maroc, la place du vélo dans les mobilités quotidiennes demeure aujourd’hui encore très modeste. Généralement, quand on considère les options de transport qui s’offrent à nous, on pense soit aux transports publics comme le tram ou le bus, soit à acquérir une voiture ou, dans certains cas, à faire du covoiturage. Rares sont les jeunes adultes qui envisagent de se déplacer à vélo, plus particulièrement les femmes.
Le vélo est victime de nombreux stéréotypes : manque de sécurité, de praticité, condition physique idéale, équipements nécessaires, sans oublier les contraintes socio-culturelles.
Dans cet article, je vais essayer de faire le tour de ces clichés et de les démystifier. Car il faut bien que quelqu’un le fasse.
La sécurité
J’aimerais commencer par dire que je suis une jeune femme et que je vis dans la plus grande ville du Maroc, dont la circulation est parmi les pires de tout le pays.
Me déplacer à vélo en tant que femme attire pas mal de regards curieux, parfois même déplacés, mais la vigilance est clé. Tant qu’on surveille ses arrières et qu’on évite de s’aventurer dans des trajets douteux, surtout quand il fait nuit, il n’y a pas de quoi s’affoler. Les déplacements se déroulent sans encombre et sont même très agréables.
Sur la route, je me considère à la fois comme piétonne et conductrice. Être cycliste, c’est vraiment jongler entre les deux, surtout dans nos villes marocaines où il y a rarement des pistes cyclables. La règle est de miser sur la prudence et l’anticipation pour pouvoir réagir correctement aux imprévus.
Il arrive même que je me sente en sécurité, non pas malgré, mais grâce au vélo. Plus libre dans mes mouvements qu’en voiture et plus rapide que les piétons, je peux prendre la ruelle dans laquelle je me sens le plus en sécurité et accélérer là où je ne le sens pas.
L’efficacité
C’est prouvé : en milieu urbain, le vélo est le plus rapide des moyens de transport. Les nombreux embouteillages limitent les déplacements rapides des automobilistes et des transports en commun. En se faufilant entre les véhicules, et tout en respectant les feux rouges, le cycliste échappe facilement aux embouteillages et atteint la vitesse moyenne d’un véhicule motorisé. En outre, le cycliste ne tourne pas de longues minutes pour trouver une place de stationnement. Pour les trajets de moins de 5 km, le vélo est imbattable !
Les équipements
Vous n’avez pas besoin de dépenser des sommes dans les équipements pour pouvoir faire du vélo, surtout quand vous débutez à peine. Préférez une approche à la fois minimaliste et responsable.
L’essentiel c’est d’avoir un bon casque qu’il faut systématiquement porter sur la route, un bon éclairage pour rester visible surtout le soir, et un avertisseur (sonnette) pour se faire entendre en cas de besoin. Sans oublier un antivol, bien évidemment.
Un panier ou une sacoche peuvent vous être utiles si vous avez besoin de transporter vos courses. D’autres accessoires tels qu’un porte bouteille, un support pour téléphone portable ou autre peuvent vous être pratiques selon vos trajets et besoins, mais ne sont absolument pas nécessaires.
Même avec tous les équipements du monde, le vélo reste un moyen de transport très économique, avec le meilleur retour sur investissement. Selon une étude suédoise, rouler à vélo coûte six fois moins cher qu’en voiture. Selon mon expérience personnelle, rouler à vélo pendant une année m’a coûtée 0 dirham. C’est exact ! J’en ai pris bien soin et quand j’ai décidé de passer au vélo électrique, je l’ai vendu pour un peu plus que ce qu’il m’avait coûté. Que du bonheur !
La condition physique
Beaucoup de gens ne se voient pas comme cyclistes à cause de leurs propres croyances limitantes. Ils pensent qu’ils doivent être au top de leur forme physique pour pouvoir commencer, mais ce n’est pas forcément vrai.
You don’t have to be great to start, but you have to start to be great.
Zig Ziglar.
Vous n’avez pas besoin d’être un athlète ou un influenceur healthy lifestyle pour pouvoir faire du vélo. Bien au contraire, commencer à faire du vélo régulièrement vous aidera à maintenir votre forme, à entretenir votre appareil cardio-vasculaire et à améliorer votre tonicité musculaire, et ce sans dépenser un sou et tout en gagnant du temps.
Je me souviens bien lors de mes premiers trajets à vélo, je m’essouflais rapidement et transpirais beaucoup. Plus d’an plus tard, je peux faire plusieurs déplacements et courses sans ressentir la moindre fatigue. J’ai même pu faire des voyages à vélo de plus de 100 km aller-retour, et ce sans avoir la silhouette d’un cycliste professionnel, bien loin de là.
La culture du vélo
Pour les déplacements urbains, le vélo possède tous les avantages de l’automobile (rapidité, porte à porte), sans ses inconvénients (difficultés de stationnement, coûts, pollution). Pourtant, il est confronté à plusieurs blocages socio-culturels – tels que le regard des autres ou encore le statut social – qui font que la majorité des marocains ne considèrent pas le vélo comme un mode de transport à part entière, voire à le percevoir comme ringard.
Souvent, posséder une voiture est considéré comme un signe d’accomplissement et de statut supérieur. Cette perception erronée est due à un manque d’information et de sensibilisation aux avantages du vélo qui devraient le placer au premier plan : absence de pollution et de bruit, circulation plus fluide, coûts réduits pour les usagers comme pour la collectivité, avantages pour la santé, déplacements efficaces et rapides, etc.
La pratique cycliste est étroitement liée aux transformations sociales et culturelles qui ont affecté l’histoire de l’humanité durant le siècle dernier. On distingue l’ère révolue de la Bourgeoisie vs Prolétariat où le vélo était vecteur de distinction sociale, représentant le moyen de locomotion des classes populaires, et l’ère actuelle moderne où le vélo est symbole de mobilité intelligente (smart mobility) et de développement durable.
Bien plus qu’un moyen de transport
En plus des avantages cités ci-haut, et de ces 185 autres, la pratique du vélo va bien au-delà.
A vélo, on fait appel à tous ses sens au contact des éléments, du soleil, du vent, de la chaleur… on est donc en harmonie avec son corps. Les paysages défilent et changent au grès des saisons et des kilomètres. On se sent en vie.
Le vélo, c’est aussi un moyen de rencontrer, d’échanger, de partager et d’aimer. Le cycliste peut s’arrêter facilement pour échanger avec un voisin, un ami, une rencontre. Parce qu’il n’est pas enfermé dans un espace réduit qui l’isole, il est plus ouvert aux autres.
Le vélo, c’est aussi la découverte. En variant facilement ses parcours et en accédant aux sites patrimoniaux, aux monuments et aux parcs, le cycliste découvre ou redécouvre son quartier, sa ville, son pays.
Alors, qu’attendez-vous pour adopter le vélo ?
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[…] dans vos trajets, vous gagnez en temps, en argent et en bien-être (Découvrez notre article Marocain(e)s, il est temps d’adopter le vélo, ça vous donnera […]
Tous les avantages militent en faveur de l’utilisation du vélo. Zero pollution zéro dépense amélioration de la condition physique. Les pays du Nord ont bel et bien emprunté cette voie. Les ministres hommes d’affaires…..se déplacent à vélo.(a suivre).
Excellent article, j’ai trop aimé 😍