Le regard que l’on porte sur soi-même n’a jamais été aussi fragilisé qu’à l’ère de la surexposition digitale. Cet aspect de notre personnalité à l’évolution lente et à la régression express, cette étiquette que l’on se colle et qui nous donne force et confiance ou doutes et souffrance psychologique, que devient-elle quand elle est constamment comparée à des modes de vie surréalistes, jaugée sur des standards de beauté chimériques, et mesurée au nombre de likes ?
Regardez moi, ne suis-je pas parfait ?
L’effet de la comparaison sociale à l’ère digitale est constant et amplifié. Ce petit gadget électronique appelé smartphone qui est quasiment devenu une extension de nos doigts n’est pas juste un innocent ami…
Plus nous passons de temps sur notre téléphone et en particulier sur les réseaux sociaux, plus nous nous exposons à un monde visuel en décalage avec la réalité : une promotion de la perfection, des photos à l’esthétique impeccable, des physiques zéro défaut, une société de surconsommation avec des publicités nous faisant sentir mal dans notre peau dans le but d’acheter leur produits « miracles », des couples tout le temps heureux aux sourires hollywoodiens et des enfants propres au parc…
Même les filtres sont là pour nous rappeler à quel point nous ne correspondons pas aux critères de beauté et proposent de nous « corriger » : peau lisse et mine rayonnante, grands yeux, petit nez et bouche pulpeuse… peut-être qu’alors nous aurons notre place sur cette plateforme, peut- être !
La réalité : le malaise
Un profond gouffre se crée entre la réalité et notre perception de celle-ci, entraînant une obsession pour l’apparence, une crainte de l’imperfection, des troubles psychologiques (complexes, anxiété, dysmorphie…), une hausse des recours à la chirurgie esthétique, des séparations et des périodes dépressives qui s’ensuivent.
Vous êtes-vous déjà senti angoissé, triste et « pas assez » – pas assez bien, assez intelligent, assez sympathique ou assez beau – sans savoir ce qui a altéré votre humeur ?
Cette utilisation excessive des réseaux sociaux en est souvent la cause. Elle peut plonger même les plus accomplis d’entre nous dans une remise en question permanente, un besoin constant d’être admiré, un attachement à des attentes déraisonnables, puis dans une douloureuse frustration.
D’abord, on prend conscience !
Et si nous décidions de protéger et renforcer cet aspect si sensible de notre personnalité ?
Notre estime de soi est notre meilleur compagnon sur le chemin de la sérénité dans nos relations – avec nous- même et avec les autres -, de la résilience et la gratitude, de la quête du sens dans notre vie et de la reprise du pouvoir pour ajuster nos propres voiles.
La première étape est la prise de conscience : que les images que nous voyons ne reflètent pas la réalité. C’est quand-même dommage de comparer son reflet dans le miroir à un selfie retouché, recadré et sélectionné parmi une centaine. Ou de mettre sur la même balance une journée ordinaire au bureau et des vacances annuels en bord de mer. Les réseaux sociaux ne sont pas un échantillon de la vraie vie, en être conscient et se le rappeler dès qu’on sent que notre vie n’est pas à la « hauteur » est déjà un excellent pas vers notre bien-être.
Le minimalisme digital : moins de technologie, plus de vie…
Limiter notre temps d’écran nous fera non seulement du bien, mais libérera notre emploi du temps pour laisser de l’espace à d’autres occupations plus créatives, plus productives et qui nous ressemblent plus.
Si nous ne nous sentons pas capable de parvenir à ce changement tout seul, il existe aujourd’hui de nombreuses applications dont le but est de nous aider dans cette démarche en fixant des objectifs de temps d’utilisation du téléphone et de chacune de nos applications ; lorsque notre limite de temps est atteinte, l’application sera désactivée.
Et si nous restions vrais ?
Si ça commençait par nous ? Ne tombons pas dans le même piège. Nous n’avons pas à afficher une façade zéro défaut à laquelle nous ne croyons pas nous-même.
Nous sommes tout a fait capable de mener une vie sans filtre.
Chacun de nous est unique et c’est cela qui fait notre beauté. Reconnaissons notre valeur, ayons de l’empathie et de la compassion envers nous-même. Savourons chacune de nos réussites, chacun de nos exploits même les plus petits. Réapprenons à reconnaitre nos accomplissements. Soyons indulgent envers nous-même comme on le serait envers un bon ami. Acceptons notre nature profonde, sans comparaison, sans conditions.
Après tout, n’est-ce pas en nous aimant entièrement nous-même que nous pouvons aimer les autres, aimer la vie, aimer tout court…