Dans la plupart des pays, on retrouve (entre autres) deux types de populations dans toute société: une population active qui regroupe l’ensemble des personnes en âge de travailler et disponibles sur le marché du travail, et une autre population dite population inactive qui comprend l’ensemble des personnes qui n’exercent pas d’activité rémunérée ou qui n’en cherchent pas activement.
« Sans emploi », ah bon ?
N’est-il pas inconcevable qu’une mère qui se réveille avant les autres membres de sa famille et qui passe sa journée à tout préparer pour le confort de ses enfants, avec en plus un rôle d’éducatrice, une mère qui tache à rester debout pendant des heures, fait en sorte chaque jour qu’à la fin de la journée, sa famille retrouve un foyer heureux et entier, soit comprise dans la population inactive ? Oui inactive, comme dans sa définition : qui n’a aucune activité, qui ne produit rien.
Comme si elle passait sa journée à ne rien faire, comme si son existence ne tournait qu’autour d’elle-même, pas d’efforts fournis, aucune valeur apportée à la société ou au pays.
C’est bien comme ça qu’un grand nombre de marocains voient toute mère au foyer.
On trouvait même sur les anciennes cartes nationales marocaines de ces femmes la mention « Sans emploi », comme une marque d’infamie, une stigmatisation peu scrupuleuse qui est loin de donner à ses fondatrices de foyer la place, le respect et la considération qu’elles méritent. Ne doivent-elles pas toutes être fières de donner tout leur amour, tout leur temps et toute leur attention à leurs familles ?
Pas de salaire, pas de valeur ?
Dans notre société capitaliste moderne, où le travail rémunéré et le salaire sont les deux échelles les plus importantes pour mesurer la valeur des individus, la mère au foyer se retrouve souvent méprisée, dénigrée et vue de manière condescendante, pour la simple raison qu’elle n’apporte pas de gain financier à un employeur. Comme pour dire : “Oui, tu es une bonne maman, tu sacrifies beaucoup de choses pour aider tes enfants à mieux grandir et à s’épanouir, mais est-ce que tu m’apportes de la valeur madame ?“
Il ne viendrait à l’idée de personne de mépriser une baby-sitter qui garde les enfants des parents qui travaillent, pourquoi donc mépriser les mères qui veulent éduquer leurs propres enfants ?
Surtout quand on se rend compte du travail énorme que ces mères réalisent de jour comme de nuit, sans salaire, sans avantages sociaux, sans congés et souvent même sans un merci.
La mère au foyer n’est finalement pour le système qu’une donnée statistique chiffrée parmi d’autres, sans oublier une consommatrice qu’on doit noyer dans les pubs pour la convaincre d’acheter le maximum de produits possibles pour le foyer.
Cela va sans dire que se consacrer totalement à l’éducation de ses enfants et au bien-être de sa famille est une tâche fastidieuse et épuisante, et qui est particulièrement importante pour le développement et l’épanouissement des futures générations. C’est pour cette raison que j’insiste sur le fait que ces femmes doivent et méritent d’être mises sur un piédestal, honorées et estimées à leur juste valeur.
Les deux faces d’une même pièce
Les femmes qui ont décidé de travailler méritent tout autant notre respect, bien évidemment. D’ailleurs, la plupart d’entre elles doivent faire face au défi de joindre leur travail à plein temps avec le travail à la maison, sous une pression énorme de leur entourage, de la société, des employeurs… Elles doivent se montrer à la fois fortes et implacables au travail, puis bienveillantes et serviables chez elles : gare à elles si elles mélangent les rôles !
Aprés l’aventure de la Grossesse et de l’accouchement, voilà que la société leur met la pression pour toujours prendre soin d’elles, de leurs enfants, de leurs maris, de leurs maisons, tout en restant à jour et bien à l’affut des dernières tendances. Sans oublier qu’elles doivent aussi se montrer souriantes, jamais fatiguées, être toujours à l’heure au travail, ne jamais se montrer faible, avoir des chiffres impeccables au travail… Sinon c’est l’échec total…Une erreur et tout le monde s’abat sur elle et la critique de partout.
Ceci dit, il ne faut pas en applaudissant ces femmes travailleuses, décrier ou marginaliser les femmes qui ont décidé de se consacrer complètement à leurs foyers, et c’est exactement cela, la raison de cet article.
Les femmes, en choisissant l’un ou l’autre, choisissent un mode de vie avec les sacrifices et les responsabilités qui s’y rapportent, et pour les deux choix, les femmes doivent être respectées.
Et franchement, je ne comprends même pas pourquoi je me sens obligé de le rappeler tellement ça me parait évident.
« Mère et fondatrice de foyer »
Je me sens obligé de le rappeler même à vous, mères aux foyers qui lisent cet article. Le changement des mentalités et de la vision de notre société commence par VOUS.
Vous devez être constamment fières de votre choix. Quand on vous demande ce que vous faites dans la vie, dites fièrement que vous avez décidé de vous consacrer à l’éducation et au bien-être de votre enfant, il n’y a pas plus noble que ça. Réussir sa vie ce n’est pas seulement aller chaque matin au travail et avoir des cartes visites avec des titres de fonction élaborés. Sinon quelle fonction est meilleure que “ Mère et fondatrice de foyer “.
Et après ?
Dans des pays scandinaves comme la Suède, ils ont trouvé des solutions en révisant la politique familiale pour plus de souplesse au travail. En effet, on y trouve des prestations sociales pour les familles : aides à la garde d’enfants, congé parental de plus 480 jours pour les deux parents rémunérés sur une période de 8 années suivant la naissance de l’enfant. Dans ces pays, l’éducation est une valeur importante. Le “travail à la maison” est considéré comme une activité à part entière et on est rémunéré pour l’accomplir.
Tout cela pour dire qu’il est temps de Rendre à César ce qui est à César, et de redonner à ces femmes tout l’égard qu’elles méritent. Des solutions existent pour cela et il est grand temps de s’y pencher.
Il y a beaucoup de choses erronées dans notre culture, dans notre perception même et qui doivent absolument changer pour que notre société soit plus saine et plus puissante.
Ce texte est avant tout un hommage, un rappel et un témoignage de respect et de gratitude.