En observant mon entourage et toutes les nouvelles mamans autour de moi, je me suis rendue compte à quel point l’accouchement, qui est un événement censé être magique et unique, a été matérialisé, à quel point on ne se soucie plus réellement du bien être de la maman et du bébé. Tout ce qui compte c’est l’efficacité médicale, la physiologie n’étant plus qu’un détail, des césariennes programmées pour le confort, des épisiotomies à tort et à travers, des bébés sortis à coup de ventouse et de spatules, des calmants injectés systématiquement…
Et pourtant, nous toutes femmes avons été conçues pour donner la vie. Notre corps sait comment faire pour y arriver. Les femmes accouchent naturellement depuis des décennies, la nature le sait, la nature est faite ainsi… Pourquoi ne pas simplement lui faire confiance au lieu de chambouler le cours des choses ?
Moi, j’étais décidée à faire les choses différemment !
Dès que j’ai su que j’étais enceinte, j’ai commencé à me renseigner au maximum, en lisant des articles, en regardant des vidéos sur tous les sujets concernant la grossesse et l’accouchement, en rejoignant des forums… Étant déjà « anti-médicalisation », j’ai pu alors rapidement faire mes choix et je savais ce que je voulais : accoucher de la manière la plus naturelle possible, vivre mon accouchement et non pas le subir. J’y croyais et je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour y arriver !
J’aimerais alors partager avec vous l’histoire de mon accouchement qui, je l’espère, inspirera d’autres futures mamans, comme j’ai été inspirée moi même.
Le fameux choix du médecin
Le choix du médecin était une première étape de ce parcours, il fallait choisir un gynécologue qui soit non seulement compétent mais qui favorise l’accouchement par voie basse, et dieu sait à quel point cela c’est devenu difficile de nos jours. Je l’ai trouvé après quelques jours de recherches et de lectures des recommandations, j’ai ensuite décidé de suivre des cours de préparation à l’accouchement dans un centre de périnatalité.
Tout se passe très bien pendant les 8 mois, arrivée ensuite à la 37ème semaine, j’ai des doutes… Mon instinct de maman était peut être déjà installé, je décide de le suivre, je visite la clinique où je comptais accoucher et là je n’aime pas du tout, ça ne correspondait pas à ce que je voulais, trop grand, trop bruyant, on aurait dit une usine. Une chose est sûre, je n’aurais pas l’accouchement de mes rêves dans cet endroit !
Je décide alors de voir un autre médecin et de visiter une autre clinique et là j’ai rencontré une spécialiste en maternité qui avait la même vision que moi et qui a validé mon projet de naissance. Elle a tout de suite su me mettre en confiance, m’a rassurée par rapport à plusieurs détails et j’avoue que sa rencontre a beaucoup influencé mon choix de la clinique.
Se préparer pour le grand jour !
Avec le nouveau médecin, tout se passe très bien sauf qu’il me demande de faire une scannopelvimétrie*, une pratique à laquelle je n’adhère pas, il me dit aussi que la quantité de liquide n’est pas suffisante et qu’il me déclencherait une semaine plutôt que le terme prévu (41 semaines). Là encore je n’étais pas convaincue du tout. J’ai eu peur que ce soit juste des moyens dissuasifs pour m’orienter vers une césarienne, mais je n’avais plus envie de tenir tête. Je fais la radio du bassin demandée, et j’en redoutais le verdict. En voyant le résultat il me dit que mes dimensions étaient « limite limite » mais qu’on tentera quand même la voie basse, je pense qu’il a vu a quel point j’étais déterminée.
Je suis rassurée. Maintenant j’avais plus qu’une seule envie : que le déclenchement se fasse naturellement avant le deadline ! Et je faisais tout pour donner un coup de pouce à la nature. J’ai tout essayé : je marchais quotidiennement, je montais et descendais les escaliers, je faisais des squats et des exercices sur le ballon, je dansais, je mangeais épicé, je consommais des dattes plusieurs fois par jour, je buvais des tisanes de feuilles de framboisier avec un peu de cannelle, je roulais même sur des dos d’ânes à chaque fois que j’en avais l’occasion… Bref, la totale.
Me voilà arrivée a la veille du déclenchement mais toujours aucun signe à part quelques fausses contractions irrégulières. Ce soir-là j’avais fait les courses en profitant des longs rayons pour marcher au maximum. Je rentre à la maison, je monte les 3 étages à pied comme d’habitude, je bouge beaucoup, j’installe même quelques meubles. Avant de dormir, je me sens désespérée, et j’annonce à mon époux que si je n’accouche pas naturellement demain, je n’irais pas me faire déclencher, et que j’attendrais tranquillement à la maison que ma fille décide de sortir d’elle même, elle ne peut quand même pas rester là éternellement. Mais au fond, j’avais peur de la mettre en danger et j’ai commencé à me préparer psychologiquement à toute éventualité, déclenchement ou césarienne !
Je pars m’endormir avec encore un peu d’espoir pour cette dernière journée. 3 h plus tard je suis réveillée par un liquide chaud qui coule entre mes jambes. Je bug 2 min en espérant que ce soit ce que je crois. Je me lève pour vérifier et c’était effectivement une fissure de la poche des eaux, je commençais aussi à ressentir de légères contractions ! YES, pas de doute, c’était le début du travail et j’étais aux anges !
Dans mes plans, je prévoyais de partir à la clinique le plus tard possible. Sauf qu’en contrôlant le liquide, je voyais quelques filets de sang, donc pas de risque à prendre, je préfère y aller tout de suite. Je réveille mon mari toute contente.
« Ça y est c’est le jour J, on accouche aujourd’hui. »
On prend les affaires qui attendaient depuis plusieurs semaines déjà. Je me fais une petite touche de maquillage. On était tout excité, on rigolait bêtement et on s’est fait plein de photos souvenirs (à la maison, à la porte de l’immeuble, dans la voiture, devant la clinique…).
6 h 30 on est à la clinique et je rencontre la sage femme avec qui j’avais déjà fais connaissance lors de ma dernière visite. Elle m’accueille et m’emmène vers la salle d’accouchement, c’est aussi là où j’avais fais mon monito, l’endroit m’était donc familier ! La sage femme me demande de me déshabiller et de mettre le tablier, chose que je refuse. Je lui dis que je préférais garder mes vêtements ; je portais une robe légère qui se déboutonne entièrement de devant et qui facilite la tâche au personnel médical
Si vous vous posez la question, pourquoi j’ai fais cette demande, je vous dirais que ce que j’ai appris durant les cours de préparation à l’accouchement, c’est que tout se passe d’abord par le cerveau, il faut que certaines hormones soient secrétées, comme l’ocytocine ou l’adrénaline qui vont permettre au travail d’être efficace, mais pour que le corps puisse faire son travail, il doit être détendu et paisible, et le fait d’être entraînée dans un processus médical peut provoquer une certaine peur, frustration et blocage, à ce moment là les interventions peuvent devenir nécessaires, donc plus on est à l’aise, mieux c’est !
Elle accepte et me pose le monito en dessous sans fil comme je l’avais demandé sur mon projet de naissance. J’avais des contractions régulières toutes les 5 min, je les ressentais mais c’était encore très supportable. Elle me fait ensuite un contrôle du col : ouvert à 2 doigts, cool, il n’en restait plus que 8 ! Elle m’annonce qu’à 3 doigts je pouvais avoir la péridurale. Je lui dis que ce n’était pas nécessaire, je comptais accoucher sans y avoir recours et ressentir toutes les sensations. Elle me lance un regard qui voulait dire « on verra bien ! »
Mon mari part s’occuper des procédures administratives et prend la chambre pour qu’on puisse y déposer nos affaires. Il part aussi chercher des croissants pour le petit déj et des boissons. J’informe mes proches que c’était pour aujourd’hui, .je reçois plein d’ondes positives qui me boostent complètement. Entre temps, le médecin vient me rendre visite à 8 h… Il savait que j’étais heureuse d’être arrivée ici sans déclenchement, et il savait aussi que je voulais le minimum d’intervention de leur part, ils étaient surtout là pour me soutenir et agir en cas d’urgence uniquement. Il demande à la sage femme de me laisser tranquille jusqu’à midi, prochain contrôle.
Emploi du temps du jour : donner la vie !
La matinée se passe plutôt bien, je mange, je bois, je danse sur une playlist latino préparée à l’avance, je fais des aller-retour dans les couloirs, le seul mot d’ordre était « bouger »
À midi, nouveau contrôle du col. J’avoue que j’avais hâte de savoir où j’en étais après 4 h de contractions. Verdict : 3 doigts seulement. En voyant ma déception, la gentille sage femme me dit que la péridurale allait me soulager et aussi accélérer mon accouchement. C’était tentant mais non, j’étais déterminée, ça ne me dérangeait pas d’y passer toute la journée, j’étais préparée à ça ! Je commence a m’ennuyer dans la salle d’accouchement, je demande de monter dans ma chambre. C’était ok et la sage femme m’a même dit que je pouvais prendre le ballon avec moi et qu’elle pouvait aussi me libérer du monito car tout était stable. Ça m’a remotivée.
Je me dirige vers la chambre. J’y trouve ma famille. Je discute entre chaque contraction en sautillant sur mon ballon. Ça commençait à se corser, j’avais de plus en plus de mal à camoufler ma douleur (je n’avais pas envie que maman panique en me voyant souffrir). Le gynécologue qui m’avait cherchée à la salle me retrouve dans ma chambre, il me dit : « vous savez que vous allez accoucher aujourd’hui vous ? » Ma mère en profite pour lui demander quand est-ce qu’il pensait que j’allais accoucher. Il nous annonce que ce sera pour 18 ou 19 h, je m’y attendais… !
Il est 14 h, la sage femme vient me chercher pour redescendre. J’étais soulagée car je ne pouvais pas cacher ma douleur plus longtemps. Je reviens à la salle ! Nouveau contrôle du col, je suis à 5 doigts. À partir de cet instant, les contractions devenaient de plus en plus intenses et rapprochées. On a appliqué plusieurs techniques apprises pendant les cours : massages, étirements, ballon, autohypnose, accupression, visualisation… Chacune marchait un petit peu, puis son effet s’estompait.
16 h : je suis à 7 doigts. Je m’encourageais en me disant que la contraction finira par passer comme la précédente, que j’allais tout oublier après. Je pensais aussi à mon bébé qui devait être en train de se battre pour sortir aussi. J’avais hâte de le serrer dans mes bras, ça me redonnait un peu de force. 17 h : nouveau contrôle, la sage-femme attend la prochaine contraction puis elle introduit sa main et la je ne pouvais plus me retenir de pousser un cri de douleur. Je suis à 8 doigts. Elle m’encourage et me dit que j’y étais presque ! J’avais des contractions toutes les 30 secondes et qui duraient de plus en plus longtemps. Je n’arrivais plus à trouver une position confortable. J’ai tout essayé, finalement je m’assoie en tailleur sur une chaise et continue de faire des exercices de respiration et de chant pré-natal avec des vibrations de la voie en suivant le rythme de mon mari.
1 h plus tard, contrôle du col, encore pire que le précédent. Elle me dit qu’elle touchait les cheveux de mon bébé. Sans réfléchir je lui dis « Et bien sooors la alors ».
(en y repensant, j’en rigole, mais je le pensais sérieusement a ce moment là).
« Ça y est ça pousse , ça pousse ! »
Et puis là, surprise : je suis à dilatation complète. J’ai tellement attendu ce moment ! Elle me met enfin le fameux tablier, je demande le bonnet aussi. 5 min plus tard, le médecin arrive avec 3 autres sages femmes. Ils mettent leur gants, on aurait dit un film.
Je m’installe en position semi assise, on me met les jambes sur les étriers. Contrairement à ce que je pensais, je n’ai pas eu peur. J’étais excitée et j’ai eu une montée d’adrénaline incroyable, je me sentais prête !
J’entends une des sage femme dire au gynécologue de me mettre une sonde urinaire. Je sursaute et je lui demande de ne pas le faire, je ne ferais pas pipi sur la table d’accouchement, promis, pas de matériel ni d’intervention jusqu’au bout !
J’ai une nouvelle contraction et je ressens une forte pression en bas, c’était le réflexe d’expulsion qui s’est déclenché, je préviens l’équipe : « ça y est ça pousse ça pousse ! »
On me guide pour pousser. J’essayais de ne pas bloquer ma respiration comme on me demandait de faire et de pousser en expirant au maximum. 1 ère tentative, 2ème, 3ème, je pousse encore plus à chaque fois avec les encouragements de toute l’équipe et de mon mari !
Au bout de la 5ème ça y est, je me suis sentie soulagée, je regarde entre mes jambes et je vois le médecin sortir ma fille.
Je n’arrivais pas à y croire. J’ai attendu ce moment pendant tellement longtemps, j’en ai rêvé plusieurs fois et j’y étais enfin ! Il me pose ma princesse en peau à peau. Je lui demande de ne pas couper le cordon tout de suite. On a attendu quelques minutes et c’est mon mari qui le coupa. Les moments qui ont suivi étaient juste magiques.
J’admirais cette petite créature qui a grandi en moi pendant 9 mois et j’ai instantanément oublié toute la douleur. C’était ça la magie de la vie !
Le gynécologue continuait l’évacuation du placenta et les quelques points de sutures. J’étais tellement absorbée par mes émotions que je n’ai rien ressenti, même sans anesthésie ! Je suis restée sous surveillance pendant 2h, on m’a ensuite remontée dans ma chambre et habillée. J’ai pu accueillir les premiers visiteurs et me lever toute seule le soir même !
Si c’était à refaire je n’y changerais absolument rien !
Voilà comment s’est passée ma journée d’accouchement : 12 h de travail où j’ai apprécié chaque moment, et savouré chaque contraction.
Si c’était à refaire je n’y changerais absolument rien !
Accoucher par voie basse sans péridurale, je l’ai fait pour mon bébé mais c’était aussi un challenge pour moi. J’ai pris confiance en moi et j’ai dépassé mes limites.
Je voulais partager avec vous mon expérience pour vous dire qu’un accouchement n’est pas seulement un moment de douleurs atroces, ce n’est pas traumatisant comme on le croit, ça peut même être un de vos meilleurs souvenirs !
Je souhaite un très bel accouchement à toutes les futures mamans !
*Moyen radiologique utilisé pour explorer le bassin osseux chez la femme pour mesurer ses structures.
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