Casablanca m’a manqué comme rien ne m’a jamais manqué auparavant. À Paris tout est morose et taciturne. On peut y trouver une certaine beauté, certes, mais entre les grèves et les gens pressés et du covid avant ça, j’ai eu du mal à trouver cette beauté.
Avant de revenir au Maroc pour l’été, je me suis plaint de mon ennui à un ami : « Je pose les pieds dehors et je ne remarque qu’une ville grise ». « Grève sur grève sur transport en retard sur regards méprisants dans la rue, j’en ai marre. »
Mon ami, qui était également étranger et ne connaissait la capitale française que depuis deux ans était véritablement surpris. Soulignant de son côté la beauté de la ville, son architecture, ses musées, ses opportunités et son aura presque surnaturelle. Chacun de nous voyait Paris sous une lumière bien différente. Il voyait Paris comme sa délivrance et je voyais Paris comme ma prison.
Ce que nous avions tous les deux remarqué était bien la transition subtile d’un lieu au fil du temps que vous ne voyez que lorsque vous y prêtez vraiment attention. Je voyais Paris être consommée par les troubles et inquiétudes de ses citoyens et il voyait Paris telle une construction où des millions de personnes ont laissé une petite trace, Paris d’aujourd’hui n’est pas Paris de demain.
Il semblait avoir un certain talent pour isoler le « mauvais » du « bon », il était bien conscient que Paris était l’épicentre d’une indignation nationale. C’était bien difficile de l’ignorer mais ça ne l’affectait pas plus que ça.
Activer le « maintenant ».
Notre esprit attire notre attention sur le passé et le futur, nos regrets et notre angoisse, créant une certaine souffrance inutile dans notre vie où l’on se concentre plus ce que s’est passé ou ce qui pourrait se passer au lieu de se concentrer sur ce qui est en train de se passer.
Avec un peu de réflexion je me suis rendu compte que le « maintenant » peut devenir synonyme d’un état d’esprit conscient et éveillé. Quand on est pleinement concentré et en synergie avec le moment présent, il nous est difficile de le juger et d’en être inquiet.
La joie et la paix qu’on ressent lorsqu’on dédie tout notre esprit et notre attention à observer la nature, à observer un coucher de soleil, à écouter de la musique sur une terrasse la nuit, à se baigner dans une étendue d’eau, c’est le type de joie et de bonheur qui est à notre portée, toujours. C’est l’obsession de notre esprit sur nos inquiétudes, notre jugement, notre passé, notre futur qui nous dérobe ce type de plaisir.
Être présent, dans le sens abstrait, c’est de garder ton esprit là où se trouve ton corps, sans avoir besoin de juger ce qui est en train de se passer, juste de le remarquer, d’accepter que c’est en train de se passer et de choisir, consciemment, quelle action entreprendre par la suite.
Lorsque je porte mon regard vers le passé ou le futur, dont aucun ne se produit actuellement, les regrets et les angoisses, les émeutes et les grèves, je rate ce qu’il y a de bon autour de moi. Lorsque je me concentre sur le « maintenant », j’y trouve un sens et du bonheur, des opportunités d’apporter des changements tangibles autour de moi et sur moi. J’y trouve la paix.